Mardi 13 Juillet 2010 – J1

Tels deux routards voire manouches, Thomas et moi nous retrouvons encombrés de nos vélos emballés à la va-vite dans des cartons et bâches à la Gare de Lyon de Paris ! A peine parti, le train tombe en panne quelques kilomètres plus loin. Ça commence bien ! Le remontage de nos montures se fera à même le quai de la gare de Grenoble où nous n’avons pas honte de déballer tout notre bordel.

 
Le temps de faire quelques courses, de piqueniquer et nous retrouvons Badu (de son vrai prénom Emmanuel), chargé comme un mulet avec 2 énormes sacoches et un sac à dos sur le porte bagage. Et dire que nous visions le grade BUL (Bicyclette Ultra Légère)… c’est pas gagné ! Le 4ème compère, Thibault, c’est refait le genou en wakeboard la pré-veille du départ… Photo de départ et feu !

Les indications au départ de Grenoble sont bien cachées et c’est un peu au GPS et selon les infos récupérées auprès des locaux que l’on entame la longue montée jusqu’à St Nizier. Premières pentes à 15%, le rythme est donné : c’est à fond, toujours à fond et on accélère progressivement ! Déjà les écarts se creusent et les sentiers du GR ne facilitent pas la tache à Badu : il devra rapidement pousser son vélo… et on en vient même à le perdre de vue et le perdre tout court ! Quelques coups de fils et nous décidons de nous retrouver sur le plateau du Vercors. Thomas et moi le retrouvons ¾h plus tard, affalé sur l’herbe grasse du cimetière : il a fait sa route rapidement le bougre ! Il nous avouera plus tard qu’il s’est fait tirer dans la côte par une voiture ; )
On reprend la route vers Lans en Vercors, Badu par la route et nous guidés par les panneaux de la GTV (Grande Traversée du Vercors). Sentiers en sous bois, le long des prairies, un peu de route et les km défilent. La target du jour semble difficile à atteindre, surtout après une première crevaison de Badu : il a définitivement pas de chance aujourd’hui, il est bon pour payer sa tournée. Un peu derrière on essaie de lui remonter le moral en lui disant que c’est le 1er jour, qu’on s’échauffe et que demain ca ira mieux. On lui explique même que demain on passera à la poste pour renvoyer par colissimo tout le gras BUL qu’il se trimbale. Le gras BUL étant ce qui n’est pas BUL !

C’est finalement fatigué et content de notre première journée que l’on s’arrête dans une prairie récemment fauchée et que nous posons le camp de base. On étend la bâche, posons les tapis de sol puis repas et au lit.



fin : 19h45 / 36km / 1100mD+ * 500mD- / 3h30 de roulage

Mercredi 14 Juillet 2010 – J2

Badu qui ne se sent pas en meilleure forme que la veille décide de prendre la route. Nous suivrons le chemin classique : longue rampe sur 5km et 300mD+ pour commencer la journée. On en bave déjà mais on ne va pas commencer à tricher sinon c’est la fin : on a signé pour en chier alors faut assumer ! On passe la target de la veille et retrouvons Badu à Villard de Lens après s’être longtemps cherchés…

La montée au Pas St Martin est longue et dure.


On décide de tous se retrouver en haut car avec nos rythmes très différents il est difficile d’avancer correctement. Badu nous rejoint ½h plus tard, il n’en peut plus. On piquenique sur la clairière, une micro sieste et, faut pas mollir on repart.


 
Badu décide de rentrer à la maison : il se fatigue beaucoup sur ces chemins, n’arrive pas à suivre le rythme et est embêté de nous retarder. Comme il ne prend pas de plaisir à rouler il préfère s’arrêter maintenant. La suite est annoncée plus corsée encore, il ne se sent pas d’attaque. Nous lui faisons nos adieux, une photo de fin de voyage et on attaque la première vraie descente.


Quelques arrêts pour reficeler correctement le sac sur le porte-bagage, puis on loupe une pancarte et l’on se perd !


Badu qui descend par la route nous croise. Plus bas ayant retrouvé le chemin, il demande à un automobiliste de nous avertir que ca ne sert à rien de remonter toute la route, la suite continue plus bas ! Il arrivera à Valence le soir même après avoir galéré à trouver des bus le jour de la fête nationale. Le stop fonctionne même chargé comme il l’était. Le lendemain il sera à Toulouse après une nuit à la gare.

Les paysages du Vercors sont magnifiques, nous sommes entourés de crêtes et montagnes. Malgré le plateau on continue de monter. Nous traversons en coup de vent La Chapelle en Vercors puis nous arrêtons pour boire un thé glacé à Vassieux en Vercors. La dernière montée sur la crête surplombant Die s’annonce éprouvante. Après une belle bavante de 400mD+ nous arrivons en haut en poussant les vélos. Il est 21h00, nous avons atteint la target prévue, rattrapé le retard de la veille et rapidement préparons le bivouac pour dormir avec une vue magnifique sur les falaises de Glandasse encore au soleil.



Nous avons le droit aux feux d’artifice de Die et des patelins avoisinants. Et oui c’est le 14 Juillet. Une nouvelle fois la journée aura été exténuante mais on ne regrette pas d’être ici !

fin : 21h00 / 79km / 2500mD+ * 2200mD- / 7h00 de roulage

Jeudi 15 Juillet 2010 – J3

Au petit matin, après une nuit un peu agitée (difficile de trouver un endroit plat sur une crête) nous avons le droit à la rosée et à la brume ! Et comme on dort à la belle étoile, on est un peu humide.

Dès la 1ère bifurcation nous nous trompons car on hésite sur l'indication du GPS qui ne suit pas tout à fait le balisage !
Après avoir trouvé le chemin nous attaquons la 1ère descente des 10 meilleures descentes du top 3 ! Tout simplement superbe : singles et épingles s’enchainent.




Descendre à Die demande de la technique et Thomas sort le grand jeu en survolant avec facilité la MAC (Machine A Coudre, pour les connaisseurs du 06) !




En bas, à Chamaloc, petite toilette à la fontaine et on repart de plus belle pour de la montée. Normal après la descente, la montée, c’est un peu comme après la pluie, le beau temps !
Sur le chemin un cycliste nous double. Ca commence à descendre. On s’engage dans sa roue. Le con, il freine dans les virages. Chargés comme on est, on le colle au cul sans problème. Un extérieur et le voilà derrière. On pédale comme des dératés pour faire l’écart. Il s’accroche. Et merde ca redevient plat, il accélère et nous dépose ; ) Quoi Thomas ? On a loupé la bifurcation il y a déjà 2 bornes ? Putain, merde, fait chier ! Les imbéciles, il nous a bien eus. Ah ces jeunes…

Nouvelle montée que l’on commence à faire à coté du vtt ! Faut s’y faire à l’heure de poussage par jour. Mais quelle belle récompense lorsque l’on descend à nouveau sur Die (après s’être demandé si l’on n’était pas allé trop haut…). Cette fois on prend plus facilement de la vitesse. Quand on retrouve la piste, je remarque qu’il manque 2 vis à mon porte-bagage. Nous démontons l’un des porte-gourdes de Thomas pour récupérer les vis et maintenant tel un manouche (un peu comme il l’était en Irlande) il se balade avec une pauvre bouteille plastique à l’arrière de son vélo. C’est moyen la classe mais je l’autorise à me suivre quand même !

Et là, alors que ca n’était pas prévu, le Tour de France vient à nous. On s’arrange pour piqueniquer sur une place à Die à côté de laquelle passe la caravane du Tour. Plus d’1h30 à voir les gens ramasser les conneries que lancent les bimbos sur leurs gros 4x4 déguisés pour l’occasion. C’est marrant mais un peu long.


 
On décide de repartir alors que les cyclistes ne sont pas encore passés… On roule à contre sens du Tour ce qui semble exaspérer et énerver la police locale ! Un arrêt chez un garagiste pour récupérer des vis qui ne pourront finalement pas être montées. Nous traversons des vignes, des étendues de lavande, des champs d’Oliviers et des forêts de sapins. Les magnifiques montagnes du Glandasse nous surplombent. Nous passons Chatillon puis nous rentrons dans les gorges. Montée rude mais paysage sublime. Il fait chaud, très chaud. Nous sommes obligés de nous ravitailler en eau dans tous les bleds que nous croisons.

Quelques kilomètres avant la target (comprenez par target = cible, l’objectif final du jour sensé nous permettre d’arriver à Nice le Vendredi 23 au soir), une dame nous permet de remplir à nouveau nos poches à eau et autres bidons. Elle sort ses cartes IGN et nous discutons. Les loups rodent, 16 brebis ont été mangées il y a moins de 3 jours. Selon elle, vu notre odeur on ne risque pas d’être attaqué ! Elle nous indique une maison forestière où dormir. Nous ne la trouverons pas et dormirons à même la piste. Nous pensons être seuls au monde, un 4x4 passe à 22h devant nous !


On fait un tentative pour monte la bache en Tarp, ce n'est pas gagné ! Si il pleut on se mettra en vrac dessous en attendant que ça passe. Pour le moment on conserve notre technique habituelle : sur la bache.

fin : 20h30 / 79km / 2500mD+ * 2800mD- / 7h00

Vendredi 16 Juillet 2010 – J4

Ça n’en finit pas de monter ! Nous attaquons la journée vers 9h00. Col des Oches atteint avec quelques difficultés, c’est rude si tôt ! Le Pic de Bure est grandiose. Thomas qui connaît bien le coin pour l’avoir souvent survolé en planeur fait le guide.
 

 Nouvelle descente, technique, longue, pas trop expo ni engagée, on se fait plaisir.



Arrivés au pré aux vaches de Le Caire, Thomas crève ! Et hop une tournée de plus : ) Faut dire on n’a pas eu le temps de savourer celle que Badu, parti trop tôt, nous devait ! En fait il a carrément sectionné la valve de sa chambre à air : le pneu avant à tendance à tourner sur la jante. Et là, alors que je me fous bien de lui je remarque que mon appareil photo accroché à l’arrière du vtt n’est plus dans sa sacoche. Je sors l’attirail du trailer (coureur de montagne), et pars au petit trot jusqu’au dernier col, soit 300mD+ sous grosse chaleur pour essayer d’apercevoir l’appareil. Je reviens brecouille et claqué. Je laisserai mes coordonnées à un garde de l’ONF au cas où… Thomas perd sa chambre à air sur les 500m qui suivent et à nouveau demi-tour : on ne choisit pas de descendre à Nice en vtt pour laisser le sentier plein de détritus. A Luz La Croix Haute nous passons nos coups de fils respectifs via les cabines téléphoniques : merci France Telecom. On prévient Olivier, un prétendant au raid sensé nous rejoindre plus tard que c’est corsé ! Il a le pouce en vrac, ne peut passer les vitesses et pense ne pas venir.

On repart pour quelques km et quelques mètres de D+ en rab avant la pause déjeuner, qui se transforme en sieste à l'ombre et séchage des affaires au soleil.


Ca monte encore et toujours. On est obligé de pousser à nouveau. Dans ces moments, chacun déconnecte son cerveau et avance sans trop réfléchir. On reconnecte le cerveau pour les descentes : là, un manque d’inattention et c’est la gamelle ! A mon tour je crève ! C’est le jour décidément.



En démontant mes pneus j’y laisse un démonte pneu. C’est fou le mal que j’ai à sortir le pneu de la jante. Lors de la descente sur La Cluse, qui emprunte le GR, Thomas chute. Sans trop de gravité, il a un peu mal à la main. Dans les descentes où l’on dévale des pans de montagnes vaut mieux ne pas faire sortir la roue de la trace…

Superbes lumières en fin d’après midi : le soleil joue avec les nuages.


Nous nous arrêtons finalement sous un abri de la maison forestière de Matacharre. Elle est fermée, on est déçu de ne pas trouver la convivialité des refuges de montagne.

Il commence à pleuvoir. Bon timing. Une fontaine à proximité nous permet de nous laver pour la 1ère fois du raid. Je ne vous raconte pas l’odeur. Nuit à plat sur des palettes avec derrière nous le Pic de Bure encore et toujours.


fin : 19h45 / 58km / 1700mD+ * 2000mD- / 5h30

Samedi 17 Juillet 2010 – J5

On remonte la piste forestière en direction de Gap. Quelques singles nous permettent d’arriver sur le canal de Gap que nous suivrons sur une bonne quinzaine de km.


Enfin on avance, on fait exploser la moyenne au compteur. C’est plat, roulant, on pédale et on arrive en ville avant midi. Ravitaillement comme quasi tous les 2-3 jours. On passe à un magasin de cycles pour récupérer deux vis, des démontes pneus et tenter de regonfler la suspension avant de Thomas : son vtt se fait vieux, la fourche est plus très efficace, il est temps qu’il investisse ! L’avantage c’est qu’il me sème pas tant en descente !
 
Une longue montée par la route puis par les pistes nous permet de longer les parois de Céüse, haut lieu de la grimpe française et internationale.



On croise beaucoup d’étrangers en mode grimpe/bivouac.



La descente sur Esparon est mythique, elle entre dans le top 3. Un max de singles, épingles entre forêt et roches calcaires, une nouvelle MAC de faite ! Juste énorme : )

 
A plusieurs reprises on s’est demandé, dans les moments durs : mais qu’est ce qu’on fout là, pourquoi on s’acharne à maintenir un tel rythme, on ne serait pas un peu jeunes et bêtes des fois de faire ça. Mais après une pareille descente le moral est au plus haut. C’est l’avantage du vtt : pleurer à la montée, exulter à la descente.

A Barcillonnette, un local qui a déjà parcouru une partie des Chemins du Soleil nous montre son vtt Canyon et nous entamons la discussion. Il connaît le coin par coeur. La discussion va bon train. Il ne croit pas que nous arriverons à Nice dans les temps surtout chargés comme nous sommes. Il avait déjà pas mal galéré alors que quelqu’un était chargé de suivre avec les affaires de bivouac et les vivres lorsqu’il avait fait son périple. Il arriverait presque à nous saper le moral le gonze. Ah, on souhaite finir la journée par 500mD+ en montant en haut de la crête des Selles… ben faut compter 1h pour 7km de piste ! Il a une course de vtt le lendemain et ne souhaite pas nous accompagner. Il nous passe un rouleau de PQ,… on est à sec et parait-il on va en chier !

On attaque cette dernière montée avec appréhension. Le mal aux fesses (à cause de la selle ; ) nous oblige à faire des micro pauses de temps en temps ou à passer en mode danseuse. On monte par étape de 150 à 200mD+. Sur les derniers 150mD+ on accélère le rythme, je largue Thomas et arrive 10 min en avance par rapport au temps annoncé par le local ! Il ne devait pas avoir la santé pour faire ça en 1h ! Le moral est à nouveau au beau fixe, Nice est à notre portée !
Petite descente et l’on s’arrête à une nouvelle maison forestière, Bonsecours, cette fois ci comportant une partie ouverte.



 L’eau doit être récupérée en contre bas dans un ruisseau : pas très pratique. On s’endort comme des masses.

fin : 20h30 / 83km / 2100mD+ * 2500mD- / 6h20

Dimanche 18 Juillet 2010 – J6

Dimanche Jour du Seigneur, c’est repos ! On se met le doigt dans l’oeil jusqu’au coude : ca sera la journée Marathon ! Un max de km pour rejoindre la target du jour : le centre de vol à voile de Château-Arnoux – Saint-Auban et le père de Thomas qui est sensé arriver dans la soirée pour suivre deux semaines de cours d’instructeur en planeur.

Premières montées puis descentes et rapidement on se retrouve sur un plateau où l’on roule enfin à plat tantôt sur piste tantôt sur route entre champs, cultures et forêts. Première pause de la journée à Laragne-Montéglin où l’on fait un ravito. On passe nos appels pour rassurer la famille sur notre état de santé et notre moral et alors que l’on repart je m’aperçois que j’ai crevé ! Je passe encore bien 15 min à tenter de déjanter mon pneu, y laisse à nouveau 2 démontes pneus et finalement on piquenique dans le bled : on n’est pas encore arrivé !
Lors d’une descente, mon frein arrière s’arrête de fonctionner. Rapide coup d’oeil, les plaquettes sont mortes, pour la suite j’apprendrai à piloter avec le frein avant. Les dérapages de la roue arrière dans les épingles c’est fini, va me falloir le faire avec plus de doigter comme Thomas.

L’étape du jour n’est pas ouf : les paysages traversés sont moins intéressants que les jours précédents et savoir que l’on va rouler jusqu’à tard ne nous enchante guère.


On arrive néanmoins à Sisteron en fin d’après midi avec le sourire : nous venons de boucler la 1ère partie du raid qui se décompose en deux sections Grenoble Sisteron puis Sisteron Nice. Le Tour est passé par là, des énormes maillots jaunes et verts sont accrochés sur les monuments principaux.


Par contre pour nous rien, même pas une petite pancarte comme quoi on est bien arrivé, qu’on est trop fort, pas de masseuse ni une binouze fraiche… c’est la dèche grave ! Une photo pour marquer l’instant et on repart, en montant bien entendu ! Les jambes sont lourdes, les fesses apprécient que moyennement d’être collées à la selle. C’est un peu la lutte today !
Avant de rejoindre Château-Arnoux on se perd dans une forêt : c’est très vallonné et il y a de nombreuses buttes qui rendent le cheminement compliqué. Il est 20h00, il se fait tard, le père de Thomas va arriver avant nous, il faut qu’on s’agite… on décide de rejoindre la première route visible en passant à travers champ.


De là on suit la route, puis la piste qui nous conduit au centre. Il est 21h00 on arrive enfin après 98km et 7h45 de roulage ! Même pas mal :p

Rapidement on envahit la chambre du père. On déballe nos affaires. On fonce à la douche. Le père rentre, ca cocotte un max parait-il ! On sort de la douche, ca sent toujours le fennec, voir le troupeau de fennecs ! On balance dehors toutes les affaires qui peuvent puer (soit toutes les affaires de vtt) et… comment ca ça fouette encore ? Ok on abandonne les lieux pour un resto ! Première bière, enfin de la viande. Tout le monde est claqué, on rentre se pieuter… et là un fumet… Thomas dormira dans un lit, moi sur un tapis de sol : faut pas perdre les bonnes habitudes !

fin : 21h00 / 98km / 2000mD+ * 2400mD- / 7h45 




Lundi 19 Juillet 2010 – J7

Le lendemain matin le père de Thomas demandera à changer de chambre ! Trop de bruit dehors et puis en moins de 10h on a moisie les lieux ! Le petit déjeuner est pris à Saint-Auban. On mange de plus en plus, ca change de l’Irlande. Mais pas de risques on arrivera à perdre quelques kilos sur le raid !

Aujourd’hui le premier objectif est de rallier Digne-les-Bains avant 13h30. On souhaite retrouver Delphine, une amie de Gaëlle (la copine de Thomas), avec qui nous avons fait un peu de ski de rando à Briançon. Elle bosse chez Décathlon ce qui tombe bien parce que l’on a quelques achats à faire : bombonne de gaz et plaquettes de freins. La route jusqu’au Décath n’est pas démente. L’on passe par un terrain de bicross, je veux faire le cake sur la première bosse et manque de peu de me refaire le dentier sur les blocs posés derrière ! On va rester sage je crois ! On retrouve Delphine, et vraisemblablement ca n’est pas une blague : on fouette un max ! Un employé nous ouvre même une caisse pour nous, histoire que l’on ne dérange pas trop le reste des clients ! La bombonne de gaz nous ne la trouverons finalement qu’à Carrefour. Il faudrait que les équipementiers sportifs arrêtent de vendre des cartouches Campingaz qui ne sont pas utilisables avec la plupart des bruleurs. Et celles qui le sont, sont tellement hautes et étroites que l’on est toujours à deux doigts de renverser la popote en équilibre précaire dessus. Non mais c’est vrai quoi, y’a pas idée de faire des daubes pareilles ! On piquenique sur les tables du Décath, on repart, on s’arrête pour acheter une crème pour les brulures… crème rebaptisée par Thomas crèmafion ! On a hâte de pouvoir s’en badigeonner l’arrière train !

Pour la sieste c’est loupé, pas d’endroit propice. Après les thermes de Dignes nous nous engageons dans une longue montée sur piste. Alors que nous commençons l’ascension un belge sur son vtt nous double. Le mec, il ne porte même pas de sac à dos, c’est complètement de la triche. On est jeune, on aura bien le temps de récupérer plus tard, on lui laisse un peu de marge et on attaque, doucettement, il y a quand même 600mD+. Avant la bifurcation vers le sentier en forêt qui doit nous amener au col on l’a rattrapé. Une courte descente et dès la reprise de la montée je passe devant. On donne le rythme, Thomas le double et monsieur s’accroche. Il colle Thomas au mieux. Je joue le rôle du lièvre. La montée est tout simplement splendide. La plus belle de tout le raid. Ca monte bien mais on peut encore pédaler. Quelques épingles où l’on doit descendre du vélo pour mieux réattaquer ensuite. On arrive en haut rapidement, on ne s’est pas octroyé une seule pause. Le belge n’a pas été largué mais à surement explosé son chrono ! Ah oui c’est sur, en Belgique le vtt c’est pas la même qu’il nous dit ! On papote, il nous raconte ses déboires à vtt (chutes, casses, paralysie,…), le plaisir qu’il a de venir rouler ici et nous présente la suite du parcours qu’il connaît bien.

Nous longeons maintenant la Montagne de Coupe. C’est beau. On choisit de s’arrêter ce soir à une maison forestière indiquée sur la carte. Finalement on posera le camp un peu plus bas, à Dourbes : il y a de l’eau, une table (grand luxe) et on peut enfin nettoyer nos affaires… car c’est ca la solution à nos mauvaises odeurs ! Session nettoyage à la main, repas, puis extinction des feux.

 



fin : 19h15 / 69km / 1600mD+ * 1100mD- / 5h30

Mardi 20 Juillet 2010 – J8

C’est décidé on se calera désormais sur un rythme d’été : pour éviter les grosses chaleurs on supprime la grasse mat (lever 7h00 au lieu de 8) et on fait une grosse sieste entre 14h et 15h30. Parce qu’il nous faut quand même nos 10h de sommeil pour récupérer. Avant de décoller on s’étale gaiement la crème mais chacun pour soi, faut pas déconner on est pas ces pédales de cyclistes : ) Par contre on se félicite d’avoir lavé les affaires la veille : on se sent tout propre, comme neuf, prêt pour une nouvelle semaine sans bain !
Toujours grand beau. Le tracé redevient sympa, normal on est à nouveau perdu entre monts et vallées. Les divers sentiers nous amènent à Archail où l’on cherche désespérément une boulangerie. Réponse du local : ah non, ici, il y a Rien ! A tout hasard dans le prochain bled… ? Ah non, c’est comme ici, il y a Rien ! Ok le pain aujourd’hui c’est pas gagné ! Ce midi ca sera semoule, comme la veille au soir !
Belle montée au col de la Cime, puis descente sur Tartonne. Le vtt en montagne ca monte et ca descend, on vous apprend rien j’imagine ! On a la chance de discuter en rapide avec les habitants. Certains semblent ne jamais être sortis de leur vallée. C’est un autre monde. Le postier du coin qui n’a pas la clim fait comme nous : à chaque fontaine il plonge la tête dans l’eau pour se rafraichir.
Les problèmes au postérieur sont récurrents. On tente d’améliorer la chose : Thomas traficote sa selle, j’essaie de caler une serviette entre le caleçon et le short. Les résultats sont médiocres, je crois qu’il va falloir s’y faire ! La descente à Thorame-Basse vaut le détour. Nouvelle chute de Thomas sans gravité. Dans le bled, on tente toujours de trouver une boulangerie. Un bar restaurant fait aussi office d’alimentation. On y mange une part de tarte aux fraises et achetons des gâteaux pour le lendemain. Une dame à qui nous avions demandé la direction de la boulangerie nous prend en pitié et nous offre du pain ! Beau geste, nous sommes enchantés.

Comme souvent nous finissons la journée par une montée. L’horaire tardif nous permet de rouler au frais. 600mD+ pour se finir. De temps en temps on se pose la question de savoir qui peut bien faire ce raid ? Combien à l’année et surtout à quel rythme ? Le planning est vraiment serré. Si l’on veut être à Nice le Vendredi soir on ne peut pas se permettre de s’arrêter 1h ici et là pour se baigner dans une vasque, se reposer… Sinon rapidement on est hors des clous malgré l’avance de quelques heures que l’on a. A refaire il faudrait prendre 15 – 20 jours ! La montée se fait tranquillement. On est l’un derrière l’autre, on avance ensemble en s’octroyant des pauses pour manger des fruits secs et pour garder le moral. Dans ces moments de solitude livré à l’effort on a bien le temps de refaire le monde !

Arrivés en haut nous nous dirigeons, par la piste, vers un troupeau de moutons. Un, deux puis trois et quatre patous viennent à notre rencontre en aboyant. On descend des vélos, les mettons du côté de ces gardiens de troupeaux et attendons qu’ils se calment. On continue lentement en marchant et un dernier patou, plus agressif rapplique en aboyant. On ne fait pas les fiers ! Petit à petit on s’éloigne du troupeau, le chien collé aux basques. Avec de la distance sur les animaux il nous fausse compagnie et on reprend la route sur nos vtt. On s’arrêtera un peu plus loin en profitant du soleil couchant sur la Montagne de Coupe.



fin : 19h30 / 58km / 2200mD+ * 1700mD- / 6h15

Mercredi 21 Juillet 2010 – J9

Chemin faisant, Nice se rapproche. Alors que l’on croyait avoir atteint la veille le haut de la Montagne de Maurel nous attaquons par une grosse montée ! C’est fou ce que les cartes au 1/64 000 peuvent nous réserver comme (mauvaises) surprises. La descente sur Saint André des Alpes est magique, mysthic ! Une nouvelle MAC qui restera dans les annales. Un allemand nous accoste alors. Il campait sur les crêtes dans son camping car. Alors qu’il grimpait il s’est tout fait voler. La police lui a expliqué qu’en France rien de plus normal ! La base quoi. Il lui reste pas grand-chose mise à part son fidèle compagnon et son camion avec le réservoir vide. Sa banque lui a transférée 1000€ qu’il doit récupérer à l’ambassade Allemande à Lyon. Il ne sait pas comment il va pouvoir y aller sans essence. On fait un geste, Thomas lui donne un billet pour l’aider. Il est amené à rentrer dans son camping car, l’odeur y est, parait-il insupportable ! Comme quoi, quasi tout frais tout propre on a retrouvé notre sens olfactif. En récompense Thomas a le droit à de la Bétadine périmée (qui partira à la poubelle direct) et un tee-shirt, propre mais qui pue la mort. Il n’osera pas le jeter ni le mettre !

C’est en longeant le Verdon avec un peu de hauteur par rapport au lac de Castillon que nous arrivons pour la pause midi à Castellane. Le retour à la civilisation est un peu rude : que de monde qui grouille partout. Ca pue le tourisme. On piquenique sur la place centrale, attaquons une sieste sans être, pour une fois, envahis par la multitude d’insectes que l’on retrouve en montagne. La voiture chargée de laver la place après le marché réduira le temps de repos. Nous envoyons quelques cartes postales en se délectant d’une glace.

La montée à la station de neige de Vauplane est rude. Alors que nous perdons de vue les panneaux nous décidons de suivre la trace GPS. Nous entamons une longue montée par le GR4 avec plus d’une heure de poussage. Le sentier en plus d’être raide est rempli de cailloux, ca n’est pas roulable. Le moral chute. Après bien des galères nous sortons du sentier pour atterrir au col Saint Barnabé. On se vautre dans l’herbe, avalons une barre et repartons rassurés vers la station : il n’y a qu’une route goudronnée qui y mène, on devrait y arriver ! En chemin nous croisons la voiture de mes rêves : une C15 rallongée ! Le grand luxe !

La descente de Vauplane sur le Touyet est un vrai régal. La vitesse, la pente, les falaises, la vallée au fond, oh mon Dieu que c’est bon !




Car c’est finalement pour ces moments là que l’on en bave autant. Les peines de la montée s’envolent et la tête dans le guidon nous dévorons les singles. Quelques parties raides nous obligent à descendre à pied. Quelques chutes pour moi, la fatigue se fait sentir. On décide de se poser sur un plateau un peu avant La Sagne. Les moutons y passent leurs soirées, on étend la bâche au dessus des crottes.




Le bonsoir à la bergère qui rassemble son troupeau et une fois le repas avalé nous dormons à la belle, la tête sous et dans les étoiles !






fin : 19h30 / 63km / 1900mD+ * 2200mD- / 6h00